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Au fond les murs de Saint Marc assiégé par l’armée noire de Dessalines; sur le rempart apparait une tête. L’homme se dresse, c’est le « négrophobe. »
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« Le négrophobe. »
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Bande de salauds! Mort aux voleurs! (Des animaux qui n’ont pas d’âme à sauver et à qui le fouet prête de temps en temps un semblant de conscience.) Voleurs! Voleurs! Les armes à la main, je revendique mon bien, mon troupeau, ma possession légitime, mes esclaves!
(bruit de mousqueterie; les nègres ont tiré; le négrophobe tombe, il est aus sitôt remplacé par le « le négrophile ».)
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Le négrophile (haraguant le vide)
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Ha! mes maisamis, mes chers amis! Et l’Evangile a dit que celui qui hait son frère vivra dans l’obscurité.O mes anisamis qui vivez dans l’obscurité, dans l’obscurité de votre peau, dans l’obscurité de vos coeurs, je veux faire descendre, lait, un rayon de lumière… d’amour. Et je ne cesserait de vous appeler “mes amis” mes amis, mes frères.-
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L’écho
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…. mes frères, mes frères…..
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Le négrophile (préchant dans le désert).
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Mes amis, ô mes amis: je vous accorde que l’esclavage est une grande inicuité, mais par l’esclavage vous avez soufferts. Et la souffrance vous a grandis. Et la souffrance vous a fait hommes. Dela mes amis, mes frères, ne l’oubliez pas.
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L’écho
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N’oubliez pas, n’oubliez pas.
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Le négrophile (donnant des coups d’épée dans l’eau)
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paix, paix, amour, amour.
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L’écho
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amour, amour
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Le négrophile (désespéré)
- ô peuple égaré,
- ô insensés
- lâchez vos armes homicides