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Transcription

  • 2e passant.

  • Vous vous égarez mon cher congénère… Vous vous égarez parce que vous vous emporterz et l’emportement ne vaut rien en politique. Un nègre capitaine général de Saint Domingue
  • ridicule, je vous le concède,
  • humiliant, je ne le nie pas,
  • Mais voyez-vous jeune homme….dangereux par dessous tout. Et je m’en vais vous dire pourquoi….
  • Vous connaissez la version blanche (notre version) de l’histoire du né grier : le nègre Cinquez donne le signal de la révolte. La révolte triomphe. Mais voilà le nègre Cinquez ne sait pas conduire un bateau…Ha, ha! Voyez vous cela d’ici…. Quelle revanche pour les Blancs!…. La mer indocile le grimoire des étoiles… la famine…. le désespoir… Mais imaginez ceci un instant, mes amis : le nègre Cinquez sait conduire un bateau! Le nègre Cinquez sait lire dans les étoiles ! Le nègre Cinquez met le cap sur une terre qu’il a calculée juste.
  • Et voilà : un beau jour, le nègre Cinquez débarque avec sa bande, son peuple, dirais-je dans un pays magnifique, plein de soleil, de perroquets, de fruits, d’eau douce, d’arbres à pain….
  • Hein! Q’en dites vous?
  • Quel soufflet pour nous !

(palais de Toussaint une terrasse. )

  • Toussaint.

  • Je ne puis chasser de mes yeux cette image : des mangeuses de terre dans un champ d’argile.

  • Choeur.

  • Je ne vois rien qu’un mur de splendeur et de gloire.

  • Toussaint.

  • Toutes les mordorures et tout l’espoir au dos des mains, au creux des mains des feuilles de caïmitiers ne me consoleront pas.