Page 46

Transcription

  • est-ce pour vous voir que les Pyramides
  • se sont
  • cette nuit
  • haussées sur la pointe de pieds ?

( à ce moment une pluie de caillous lancés par d’invisibles mains s’abat sur les délégations; désarroi.)

  • Toussaint.

  • Ha ! ha !
  • ils n’aiment pas ça . C’est curieux.
  • Rampez, rampez fleuve d’immondices jusqu’à l’oubli.

( sauve qui peut; le clergé sort en bénissant fébrilementpeureusement )

  • Les chantres ( à recoulons)

  • Salvum fac imperatorem
  • salvum fac gubernatorem.

( la scène reste vide quelques instants.)

( entre la nourrice, une vieille négresse chargée de médaillesº)

  • le choeurNourrice.

  • C’est moi la nourrice . Toussaint Louverture, bien sûr qu’il n’avait pas de nourrice; et qu’il ne m’est jamais sautétombé des bras ; et qu’on sait qu’il a bu le lait de la terre et qu’il a machonné le sein de la terre et qu’il a mangé le pain de la terre, mais une nourrice, imaginez que je suis la terre.
  • Alors je suis venu vous demander de lui pardonner.
  • Il est bizarre mon enfant, il est violent mon enfant; il réclame mon enfant; des droits. Toutes sortes de droits. Des droits qui ne sont pas faits pour nous.
  • Mais je dis que c’est pas de sa faute. Houn! je dis que c’est son sang qui est plus fort que lui; et qui le bat, et qui lui joue de mauvais tours. Houn. Et je vois qu’il a passé sa maladie à une foule de jeunes gens. Et c’est très malheureux. Une foule de jeunes réclameurs. Des nègres : ils ont tort de tant réclamer. Et forcément ça attire le malheur. De mon temps on était plus doux, plus acceptant, plus consentant. Hou.Hon.