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- est-ce pour vous voir que les Pyramides
- se sont
- cette nuit
- haussées sur la pointe de pieds ?
( à ce moment une pluie de caillous lancés par d’invisibles mains s’abat sur les délégations; désarroi.)
-
Toussaint.
- Ha ! ha !
- ils n’aiment pas ça . C’est curieux.
- Rampez, rampez fleuve d’immondices jusqu’à l’oubli.
( sauve qui peut; le clergé sort en bénissant fébrilementpeureusement )
-
Les chantres ( à recoulons)
- Salvum fac imperatorem
- salvum fac gubernatorem.
( la scène reste vide quelques instants.)
( entre la nourrice, une vieille négresse chargée de médaillesº)
-
le choeurNourrice.
- C’est moi la nourrice . Toussaint Louverture, bien sûr qu’il n’avait pas de nourrice; et qu’il ne m’est jamais sautétombé des bras ; et qu’on sait qu’il a bu le lait de la terre et qu’il a machonné le sein de la terre et qu’il a mangé le pain de la terre, mais une nourrice, imaginez que je suis la terre.
- Alors je suis venu vous demander de lui pardonner.
- Il est bizarre mon enfant, il est violent mon enfant; il réclame mon enfant; des droits. Toutes sortes de droits. Des droits qui ne sont pas faits pour nous.
- Mais je dis que c’est pas de sa faute. Houn! je dis que c’est son sang qui est plus fort que lui; et qui le bat, et qui lui joue de mauvais tours. Houn. Et je vois qu’il a passé sa maladie à une foule de jeunes gens. Et c’est très malheureux. Une foule de jeunes réclameurs. Des nègres : ils ont tort de tant réclamer. Et forcément ça attire le malheur. De mon temps on était plus doux, plus acceptant, plus consentant. Hou.Hon.