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Transcription

  • Le récitant.

  • Un coup de sifflet… Les nègres sortent des broussailles avecu une grande clameur. Les coutelas s’abattent et se relèvent et s’abat tent dans le moulinet de l’exaspération.

  • La récitante.

  • Le coutelas s’abat. Quelle moisson. Ce ne sont pas des cannes qui tombent. Ce ne sont pas des troncs de bananiers. Le sang a fait sauter sa bonde. Le sang ruisselle; des crânes bâillent, tels des noix de coco. Voici le soleil. Voici le sang. Voici les mouches.

  • Le récitant.

  • Le morne bourgeonne de cris. Des cadavres roulent jusqu’au pied des arbres à pain,/.

  • La récitante.

  • Le ravin bourgeonne de cadavres

  • Demi-choeur.

  • Ils nous coupaient les jarrets.

  • Demi-choeur.

  • Ils nous marquaient deau fer rouge.

  • Le choeur.

  • Et l’on nous vendait comme des bêtes et l’on nous comptait les dents… et l’on nous tâtait les bourses et l’on examinait le cati ou le décati de notre peau et l’on nous palpait et pesait et soupe sait et l’on passait à notre cou de bête domptée, le collier de la servitude et du sobriquet.

  • Le récitant.

  • Le vent s’est levé, les savanes se fendent d’dans une gloire de pana ches folles… J’entends des cris d’enfants…dans la maison du mai tre.

  • Le choeur.

  • J’entends des cris d’enfants dans la case noire… et le petits ventres pierreux pommés en leur mitan d udu nombril énorme se gon flent de famine et du noir migan de la terre et des larmes et de la morve et de l’urine.